Le projet de loi porté par Les Républicains et les producteurs de betterave
Une proposition de loi déposée par le groupe Les Républicains est débattue dès ce lundi à l’Assemblée nationale. Le texte prévoit la possibilité de réintroduire l’acétamipride, l’un des néonicotinoïdes interdits depuis 2018. Cette décision est soutenue par les filières agricoles, en particulier celles de la betterave et de la noisette, qui affirment ne disposer d’aucune alternative efficace pour lutter contre les insectes ravageurs. Elles plaident pour une dérogation conditionnelle, estimant que leur production est menacée. Ce retour éventuel du pesticide ravive les inquiétudes liées à ses effets sur les pollinisateurs, notamment les abeilles.
Des effets soupçonnés sur le système nerveux humain
Les néonicotinoïdes ciblent le système nerveux, ce qui soulève des interrogations sur leurs conséquences sur la santé. L’acétamipride, comme d’autres substances de cette famille, est suspecté d’être impliqué dans des troubles du neurodéveloppement chez les enfants et les adolescents. Des chercheurs s’interrogent également sur son rôle en tant que perturbateur endocrinien ou encore sur un lien éventuel avec certains cancers. Une étude parue en 2022 dans la revue Environment International a mis en évidence une capacité de l’acétamipride à provoquer des cancers du sein chez des souris. D’autres travaux, menés principalement in vitro ou sur des modèles animaux, décrivent des effets délétères sur les neurones et divers organes.
Une base scientifique encore insuffisante
L’agence sanitaire européenne (Efsa) souligne l’existence d’"incertitudes majeures" concernant les effets neurodéveloppementaux de l’acétamipride. Elle appelle à une évaluation plus approfondie avant toute autorisation durable. Selon Sylvie Bortoli, toxicologue à l’Inserm, les études sur les effets des néonicotinoïdes chez l’humain restent bien moins nombreuses que pour d’autres pesticides comme le glyphosate ou le DDT. Le besoin d’études épidémiologiques à grande échelle est jugé crucial. Une recherche publiée en 2017 dans Environmental Health Perspectives évoque un développement intellectuel réduit chez les enfants dont les mères ont vécu à proximité de cultures traitées pendant la grossesse. Mais avec un échantillon de seulement 300 familles californiennes, les résultats sont jugés insuffisants pour tirer des conclusions définitives.
Le débat sur l’acétamipride met en lumière les tensions persistantes entre impératifs agricoles et précautions sanitaires. L’incertitude scientifique appelle à une vigilance accrue, en attendant des données plus robustes pour évaluer les risques réels de cette substance.
Source: FRANCE24