La stratégie industrielle lancée par Luca de Meo chez Renault
Arrivé chez Renault début 2020, Luca de Meo prend les commandes dans un contexte troublé par l’affaire Carlos Ghosn. Il lance dès 2021 le plan « Renaulution », destiné à assainir les finances du constructeur et à repositionner son activité autour de l’électrique. Sous sa direction, Renault relocalise une partie de sa production en France et met en œuvre un virage stratégique vers les véhicules électriques. La nouvelle R5 électrique illustre cette orientation, saluée par les spécialistes du secteur.
En quelques années, les résultats sont au rendez-vous. En 2023, Renault annonce un bénéfice opérationnel de 2,3 milliards d’euros, contre des pertes importantes lors de l’arrivée de De Meo. Sa rémunération atteint alors 5,5 millions d’euros par an. Ce redressement spectaculaire fait de lui l’un des dirigeants les plus efficaces de l’industrie automobile européenne.
Un départ surprenant dans un contexte fragile
L’annonce de son départ crée une onde de choc. Le secteur automobile reste crucial pour l’économie française, notamment en termes d’emplois, d’innovation et de souveraineté industrielle. Le départ de Luca de Meo n’avait pas été anticipé par les observateurs ni les marchés. Renault, bien qu’en meilleure posture, reste sous pression face aux défis de la transition énergétique. La part de marché des voitures électriques stagne à 17 %, loin des prévisions.
La comparaison avec d’autres constructeurs est révélatrice. Stellantis, concurrent direct, connaît depuis deux ans une baisse de performance, alors que Renault sort d’une période de crise avec des résultats solides. Le départ du dirigeant de Renault se fait dans des conditions nettement plus favorables que celui de Carlos Tavares chez Stellantis, écarté en 2024 sous la pression des actionnaires.
Kering mise sur l’expertise managériale de De Meo
Chez Kering, l’arrivée de Luca de Meo est accueillie avec enthousiasme. Le groupe de luxe connaît une phase de ralentissement, avec une dette dépassant les 10 milliards d’euros et un besoin pressant de renouvellement. François-Henri Pinault, bientôt président non exécutif, espère que l’ancien patron de Renault saura relancer les marques emblématiques du groupe.
Si ce transfert peut sembler étonnant, il s’inscrit dans une logique de recherche de leadership. Les marchés ont réagi immédiatement. À l’ouverture de la Bourse ce lundi matin, l’action Renault perdait jusqu’à 7 %, tandis que celle de Kering bondissait de 9 %. Ce changement à la tête des deux groupes témoigne des dynamiques croisées entre industrie et luxe.
L’avenir incertain de Renault sans De Meo
La nomination du successeur de Luca de Meo n’a pas encore été annoncée. Elle interviendra au plus tard fin 2025, selon Renault. En attendant, la marque au losange devra poursuivre seule son adaptation à un marché automobile en mutation rapide. La barre est haute, et le contexte concurrentiel ne laisse que peu de marge à l’erreur.
Source: 20 Minutes