La soumission chimique : Un phénomène en expansion
Selon l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), l'utilisation de drogues pour commettre des agressions sexuelles a considérablement augmenté au cours des 20 dernières années. Ce type de crime, appelé à l'international « Drug Facilitated Crimes » (DFC), implique l'administration de substances psychoactives à une personne, souvent à son insu, dans le but de la rendre vulnérable à des agressions.
Dans le cadre du procès en cours, Dominique Pelicot est accusé d'avoir administré des médicaments anxiolytiques à son épouse, Gisèle Pelicot, des substances prescrites par son médecin, dans le but de la violer et de permettre à d’autres hommes de la violer également. Pas moins de 51 hommes sont ainsi jugés pour leur implication dans ces actes odieux. Cette affaire illustre tragiquement l’utilisation criminelle de médicaments à des fins de violences sexuelles.
L'encadrement de la soumission chimique
Le terme « soumission chimique » est avant tout un terme scientifique qui désigne le fait de droguer une personne pour des motifs criminels. Leila Chaouachi, docteure en pharmacie et responsable d’une étude nationale sur la soumission chimique, souligne que ce phénomène ne se limite pas aux crimes sexuels. « On observe également des cas où des enfants ou des personnes âgées sont drogués, soit pour éviter d’avoir à s’occuper d’eux, soit pour en tirer un bénéfice financier », explique-t-elle.
Chaque année, depuis 2003, l’ANSM effectue une enquête afin de surveiller les mauvais usages de médicaments en France. Cette étude permet de mieux comprendre les dynamiques derrière ces actes criminels et de renforcer les moyens de lutte contre ces pratiques.
Des affaires de plus en plus médiatisées
En parallèle du procès de Dominique Pelicot, une autre affaire a attiré l’attention du public. Sandrine Josso, ancienne députée centriste, a accusé le sénateur Joël Guerriau de l'avoir droguée avec de l’ecstasy dans le but de l’agresser sexuellement. Le sénateur a été inculpé en novembre 2023 pour « administration de substance en vue de commettre un viol ou une agression sexuelle ». Ces révélations ont incité le gouvernement français à lancer en avril une mission dédiée à mieux identifier et combattre la soumission chimique, bien que cette mission soit actuellement en suspens en raison du changement de gouvernement.
Un défi pour la société et la justice
La soumission chimique, longtemps sous-estimée, représente un défi majeur pour les autorités judiciaires et sanitaires. Le procès en cours de Dominique Pelicot et d'autres affaires similaires ont permis de mettre en lumière l'ampleur du phénomène. Si des initiatives gouvernementales sont en cours pour mieux encadrer et prévenir ces actes, la complexité de la soumission chimique exige une coordination étroite entre les forces de l’ordre, les professionnels de santé et les institutions judiciaires afin de protéger les victimes et de poursuivre les responsables.
Source: Le Monde