dimanche, 03 novembre 2024 16:39

Les brasseurs français face à la menace de nouvelles taxes

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brasseries artisanales brasseries artisanales pixabay / photo d'illustration

Les producteurs de bière en France sont confrontés à des propositions visant à augmenter les taxes sur les boissons alcoolisées et sucrées dans le cadre du dernier budget national actuellement débattu au Parlement. Ces mesures, soutenues par leurs partisans, visent à générer des fonds essentiels pour le système de santé, mais les brasseurs craignent qu'elles n'affectent durement les brasseries indépendantes déjà en difficulté.

La taxation des boissons alcoolisées et sucrées sous la loupe

Le gouvernement français cherche à réduire le déficit public colossal en identifiant de nouvelles sources de revenus. Parmi les propositions figurent des amendements à la loi de financement, ciblant spécifiquement l'alcool et le sucre transformé, en particulier les bières sucrées et à forte teneur en alcool. La proposition la plus radicale élargirait la "contribution de sécurité sociale" pour inclure toutes les boissons alcoolisées, y compris le vin et la bière. Actuellement, cette taxe s'applique uniquement aux boissons avec un taux d'alcool de 18 % ou plus.

Parmi les autres mesures proposées, une taxe additionnelle serait imposée sur les bières ayant un taux d'alcool supérieur à 5,5 %, ainsi qu'une taxe spécifique sur les bières aromatisées contenant au moins 20 grammes de sucre par litre. Ces propositions, approuvées par la commission des affaires sociales du Parlement, sont en cours de discussion, et un vote final devrait avoir lieu la semaine prochaine.

"Les fabricants ont une responsabilité collective, et j'aimerais les voir trouver des solutions pour changer leurs recettes," a déclaré la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq dans une interview avec La Tribune. Elle a cependant précisé que "il ne s'agit pas de pénaliser les artisans."

Les réactions des brasseurs - coûts en hausse et inquiétudes


Les représentants de l’industrie de la brasserie s’inquiètent des conséquences de cette nouvelle fiscalité. Jérôme Gervais, qui dirige la microbrasserie Brewbaix à Roubaix, estime que les nouvelles taxes pourraient augmenter le prix de détail de sa bière de 70 centimes, portant ainsi le prix d’une bouteille de 75 cl à 6 euros. Il a exprimé ses doutes quant à la volonté des consommateurs de payer ce prix plus élevé.

"Les consommateurs seront-ils prêts à payer autant pour savourer leur bière?" s’est-il interrogé lors d’un entretien avec BFMTV.

Jean-François Drouin, président du Syndicat National des Brasseries Indépendantes (SNBI), a également exprimé ses craintes : "Une taxe sur les bières fortes favoriserait les bières industrielles au détriment des bières artisanales," a-t-il déclaré, soulignant que les bières artisanales tendent à contenir un pourcentage d'alcool plus élevé, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux nouvelles taxes.

Les défis de l'industrie de la brasserie en France

Les Brasseurs de France, association de l'industrie, ont averti que la combinaison de ces nouvelles taxes risquerait de compromettre définitivement la viabilité économique de nombreuses brasseries. Dans un secteur déjà touché par la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, en moyenne, une brasserie ferme chaque semaine, et une taxe supplémentaire pourrait intensifier cette tendance.

Les producteurs de boissons non alcoolisées, ainsi que d'autres produits sucrés comme le chocolat et la crème glacée, ont également fait entendre leur voix contre ces taxes potentielles. Ils craignent que les augmentations de coût ne nuisent à leur compétitivité sur le marché international. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a d'ailleurs exprimé sa prudence face à l’ajout de nouvelles charges pour les entreprises françaises.

L'avenir des propositions et la mobilisation des brasseurs

Si ces propositions sont adoptées par l'Assemblée nationale, elles passeront ensuite au Sénat pour examen. Plusieurs brasseurs ont indiqué qu'ils encourageaient leurs députés locaux à s'opposer à ces mesures, invoquant un risque majeur pour l'emploi local et la survie des petites entreprises.

Les semaines à venir s'annoncent décisives pour l'avenir de la brasserie artisanale en France, alors que les députés débattent de l'impact économique et social des nouvelles taxes sur les boissons alcoolisées et sucrées.

Source: rfi.fr