dimanche, 08 décembre 2024 16:50

La chute de l'État barbare en Syrie

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Syrie Syrie pixabay/photo d'illustration

La récente chute du régime de Bachar el-Assad marque un tournant majeur dans le conflit syrien qui dure depuis plus de dix ans. Une série d’événements, coordonnée par des factions rebelles menées par Hayat Tahrir al-Cham, a redessiné le paysage politique et militaire du pays.

La reconquête des villes clés - Alep, Hama et Homs

Depuis le 27 novembre, les rebelles de Hayat Tahrir al-Cham et leurs alliés ont lancé une offensive spectaculaire, s'emparant rapidement de vastes portions de territoire. Les villes stratégiques d'Alep, Hama et Homs ont été reprises des mains du régime syrien, marquant une défaite cuisante pour les forces pro-Assad.

Ces avancées fulgurantes ont culminé avec l'arrivée des insurgés à Damas, la capitale syrienne. Selon les déclarations des rebelles, Bachar el-Assad aurait fui le pays, un événement qui met en lumière l'effondrement du régime considéré comme l'un des plus autoritaires de la région.

Réactions internationales - soutien et mises en garde

Le président français, Emmanuel Macron, a salué cet événement comme une avancée majeure. Dans un message publié le 8 décembre, il a qualifié le régime d’Assad de "barbare" et adressé ses vœux de paix, de liberté et d’unité au peuple syrien. La présidente de la Commission européenne, Kaja Kallas, a également accueilli cette nouvelle positivement, soulignant la faiblesse de certains alliés d’Assad, notamment la Russie et l’Iran.

« L'État barbare est tombé. Enfin », a écrit Macron sur X. « Je rends hommage au peuple syrien, à son courage, à sa patience. En ce moment d'incertitude, je lui adresse mes vœux de paix, de liberté et d'unité. »

Toutefois, les dirigeants européens ont mis en garde contre les défis à venir. "Le processus de reconstruction de la Syrie sera long et complexe", a rappelé Kallas, insistant sur la nécessité d'une coopération constructive entre toutes les parties concernées.

Réunion d’urgence à Doha - un consensus fragile

Face à l'instabilité croissante, une réunion d’urgence s’est tenue à Doha, au Qatar, réunissant des ministres des Affaires étrangères et des responsables de huit pays clés, dont l’Iran, l’Arabie Saoudite, la Russie et la Turquie. Geir Pedersen, envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, a insisté sur l’urgence d’organiser une transition politique ordonnée. Selon Majed al-Ansari, porte-parole du ministère des Affaires étrangères qatari, les participants se sont accordés sur la nécessité de travailler avec toutes les factions, y compris Hayat Tahrir al-Cham, afin de garantir la stabilité et un transfert de pouvoir sécurisé.

Tensions au Golan - une perspective israélienne

Pendant ce temps, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a qualifié la chute d'Assad de "jour historique pour le Moyen-Orient". Il a attribué cet effondrement aux frappes israéliennes contre l’Iran et le Hezbollah, deux des principaux soutiens d’Assad. Netanyahou a confirmé que l'accord de 1974 sur la séparation des forces entre Israël et la Syrie dans le Golan avait été "rompu", Israël ayant sécurisé la zone tampon pour sa protection.

Un futur incertain mais porteur d’espoir

Alors que la Syrie entre dans une nouvelle phase, les défis restent immenses. La reconstruction du pays, le retour des réfugiés et la réconciliation nationale nécessiteront un engagement international coordonné. La communauté internationale, tout en célébrant la fin d’une dictature, devra s'assurer que cette transition ouvre la voie à une paix durable.

Source: lemonde.fr